Cela fait bientôt un an que j’ai repris mon activité de décoratrice d’intérieur à mon compte après l’arrivée de mon premier enfant. Je fais partie de ce que l’on appelle les « mumpreneur ».
Bien que j’ai commencé mon activité début 2017, ce fut l’année la plus chargée de ma vie ! J’ai dû réajuster ma façon de travailler, de m’organiser et de prendre des décisions pour mon entreprise.
En toute transparence, être mumpreneur c’est être souvent seule. Seule à travailler de chez soi, à garder son enfant, et à faire des choix. On se pose mille questions par jour. Ce sont les montagnes russes émotionnelles au quotidien, et on peut très vite se sentir isolée.
Mais c’est aussi une liberté et une fierté de faire ce que l’on aime pour faire vivre sa famille.
J’ai donc pris un peu de recul sur cette année pour en faire un petit bilan en 6 points. Cet article n’est pas une to-do list pour « réussir » cette vie de mumpreneur. Comme souvent, il y a autant de règles à suivre que de situations différentes. C’est simplement mon retour d’expérience personnel, qui pourra peut être parler ou aider certaines menant de front, tout comme moi, une vie d’entrepreneur et de maman. C’est aussi un petit aperçu de ce à quoi ressemble le quotidien d’une chef d’entreprise.
1. Se dégager du temps.
Le seul paramètre d’une vie qui n’évolue pas est le temps. Nous avons tous 24h dans une journée, ni plus, ni moins. Chaque minute « perdue » ne pourra pas être récupérée. Il est donc précieux pour moi d’avoir du temps sans bébé pour pouvoir travailler, et ainsi profiter pleinement de lui pendant nos moments ensemble.
J’ai dû m’arrêter pendant une période assez longue durant ma grossesse, et je ne savais pas comment mon activité allait évoluer à ma reprise en Août 2018. Nous ne voulions donc pas nous engager sur un mode de garde permanent les premiers mois. J’ai alors mis en place un contrat de garde occasionnel dans une crèche pour quelques heures par semaine, renouvelable tous les mois.
Mais j’ai très vite réalisé que je manquais de temps. Je n’ai pas de famille à proximité disponible pour m’aider, mon mari à des obligations professionnelles, et je me retrouvais souvent à travailler les soirs et les week-ends, avec un bébé qui n’a pas fait ses nuits jusqu’à ses 8 mois. Dire que j’étais fatiguée est un euphémisme.
En janvier, j’ai doublé le temps de garde de mon fils en crèche. Nous avons petit à petit trouvé notre rythme.
Parallèlement à cela, et toujours dans une optique de gagner du temps, j’ai investi dans la partie marketing de mon activité. J’ai souscrit à un profil professionnel chez Houzz, site avec lequel je fonctionnais depuis le début, et qui m’offrait déjà une belle visibilité. Je savais d’avance que je privilégiais la relation avec mes clients et l’aspect créatif de mon travail, en plus de toutes les tâches administratives qu’impliquent l’entrepreunariat. Mais j’avais également conscience qu’avec un enfant je n’aurai plus assez de temps pour effectuer seule tout ce que je faisais les deux premières années de mon entreprise. De plus, j’ai eu la chance que mon activité reprenne beaucoup plus rapidement que je ne l’avais anticipé.
Accepter que vous ne pouvez pas être sur tous les fronts, et sous-traiter quelques tâches, cela m’a vraiment permis de survivre à cette première année de mumpreneur, et garder l’envie de faire mon métier à mon compte.
2. Arrêter les To-do listes sans fin et organiser ses semaines à l’avance.
Je fais partie de ces personnes qui aiment tout gérer et organiser. Bien que ce soit un atout pour être chef d’entreprise, c’est un désastre lorsque l’on est maman. Un enfant vous oblige à vous adapter en permanence à ses horaires, ses émotions et ses envies.
On parle beaucoup des « To-do list », ces listes de tâches à accomplir. J’avoue que j’en faisais quotidiennement avant, et c’était comme ça que j’avançait dans mes projets. Malheureusement, après l’arrivée de mon enfant, certains jours je n’arrivais pas à tout faire, et je devais reporter au lendemain. La liste devenait longue et stressante, j’avais l’impression d’être toujours en retard.
J’ai donc modifié m’a façon d’organiser mon travail. Tous les dimanches soirs, je prends 15-20 minutes pour regarder mes RDV et projets de la semaine et déterminer à l’avance mon planning jour par jour. Je privilégie les projets qui me demandent le plus de concentration lorsque mon fils est avec son papa ou à la crèche, et les petites tâches type mises à jour du site / réseaux sociaux / administratif pendant les heures de sieste. Ce n’est pas parfait à 100% car il peut y avoir des imprévus, mais dès que j’ai du temps de travail je sais directement quelle tâche est ma priorité. Je suis plus sereine et j’optimise mon temps.
3. Développer son réseau de partenaires fiables.
Bien que je travaille seule, j’ai souvent besoin de faire appel à d’autres entreprises / artisans pour mes projets clients. Que ce soit pour des devis de travaux, d’agencement, ou de l’ameublement.
Le problème lorsque vous êtes mumpreneur, et chef d’entreprise de manière générale, c’est que vous n’avez pas de temps à perdre avec des personnes qui n’ont pas la même éthique de travail que vous.
Au fil du temps et des projets, j’ai donc appris à sélectionner mes partenaires sur la qualité de leur travail, plutôt que le montant de leur devis. Cela évite des mauvaises surprises pour mes clients comme pour moi. Car même si je ne suis présente que pour la partie créative du projet, proposer un artisan ou une boutique à mes clients engage mon image d’entreprise. Je sélectionne donc ceux avec qui j’ai tissé des liens de confiance, et qui comprennent la passion que je mets dans chacun de mes projets.
Avoir des partenaires de confiance me permet aussi d’échanger sur mon quotidien d’entrepreneur. Je partage mes projets et mes interrogations, et j’apprends de leur propre histoire. Cela est également bénéfique pour moi.
4. Etre réaliste sur vos délais.
Un autre aspect que je privilégie dans la relation avec mes clients et mes partenaires : être réaliste sur les délais de livraison des projets.
Avec tout ce que l’on voit dans les médias et les réseaux sociaux, on à l’impression qu’un projet de rénovation / décoration peut se faire en quelques jours avec un effet « wahou » des plus stupéfiants. C’est peut-être vrai pour une superproduction télévisuelle qui brasse des millions et cherche à vous vendre des produits de consommation rapide. Cela ne l’est pas lorsque vous faites appel à une mumpreneur passionnée.
Prendre le temps de réfléchir au projet, s’adapter à la demande et aux envies de chaque client, afin de leur proposer un projet unique, cela demande du temps.
Avant d’avoir un enfant, je pouvais réaliser un projet en une à deux semaines. Aujourd’hui, j’ai doublé mes délais, quitte à pouvoir rendre le projet plus tôt qu’annoncé. De manière générale, j’ai appris à promettre moins et remettre plus. Ainsi, je ne suis pas oppressée par une deadline et ma créativité prend plus de place. Je consacre également plus de temps pour les échanges avec mes clients. En contre-partie, ils ont le sentiment d’être pris en considération et écouté. Tout le monde est gagnant.
5. Privilégier les projets qui vous passionnent.
On pourrait penser que travailler pour soi c’est faire uniquement des choses qu’on aime. Mais si c’était le cas, toutes les femmes seraient mumpreneur ! Personnellement, j’ai lancé mon entreprise seule pour être libre dans ma créativité. Mais je ne suis pas du tout branchée compétition, et je suis assez déroutée lorsque l’on me contacte pour un « prix ». Car ce que je veux proposer c’est plus qu’un devis, c’est ma personnalité, mon expérience, et une vraie valeur ajoutée. C’est aussi pour cela que je partage sur mon blog mes projets et mes idées.
Mais du moment où vous avez un site et des réseaux sociaux avec une certaine audience, vous êtes sollicité pour des partenariats en tous genres. Et il est vite facile de se perdre.
Avec l’arrivée d’Elliott, j’ai vu les demandes de projets en relation avec des produits pour les enfants se multiplier. Et même si c’est tentant de se faire offrir des produits ou de gagner de l’argent en prenant une photo de mon enfant, j’ai décidé de ne pas prendre ce virage. Je ne dénigre pas ceux qui le font, dont certains avec beaucoup de goût. Ce n’est simplement pas ma passion ni mon métier, et ce n’est pas l’avenir que j’envisage pour ma famille.
J’ai donc appris à faire le tri et refuser les partenariats qui ne correspondent ni à mon domaine, la décoration d’intérieur, ni à mes valeurs d’entreprise. Et dans le sens contraire, à valoriser ceux qui sont cohérents avec mon travail, comme mon projet avec le papier peint Murals Wallpaper pour la chambre d’Elliott.
6. Prendre du temps pour soi sans culpabiliser.
Etre maman, c’est un travail à plein temps. Je n’ai jamais vu défiler autant les journées que depuis l’arrivée d’Elliott. Dès le réveil, c’est comme si vous aviez la tête dans une machine à laver en mode répétition. Du coup, avec un travail à temps plein, vous perdez rapidement la notion d’avoir du temps libre pour vous même. Alors que c’est important pour votre stabilité physique et mentale.
Si je suis honnête, un an après, c’est le point sur lequel je dois encore m’améliorer. J’ai dû mal à mettre de côté ma vie de mumpreneur pour prendre du temps pour moi.
Dès que j’ai une minute sans bébé, je travaille, et inversement. Je note des idées sur mes projets, j’écris un article de blog, je fais de l’administratif, etc. Sauf que la créativité a besoin d’espace pour s’exprimer. Et cela je l’ai appris en élevant mon enfant.
J’essaie donc au quotidien de m’aménager du temps « libre ». Que ce soit en me réveillant avant ma famille pour me préparer tranquillement et faire le vide dans ma tête avant la journée. Ou encore en prenant le temps de me poser ou sortir pour une autre raison que mon travail.
J’espère que ce témoignage vous aura éclairé sur ce statut non officiel de mumpreneur dont on entend beaucoup parler. Au-delà d’élever mon premier enfant, j’ai tellement appris sur ma vision de l’entrepreunariat, moi-même et mon travail cette année.
L’année dernière, en tant que jeune maman, j’ai suivi cette voie sans vraiment savoir où je mettais les pieds. Mais je sais aujourd’hui qu’avec le soutien de ma petite famille et le développement de mon activité, je suis exactement là où je dois être.
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